La dentellière : film subtil et très juste
28072013J’apprécie l’actrice Isabelle Huppert et voyant qu’un de ses 1er films était programmé sur Arte, c’était une belle occasion de voir ses débuts. Ce film est « La dentellière », sorti en 1977. Une œuvre forte et vraie qui m’a saisi.
Pomme, réservée et calme, travaille dans un salon de coiffure à Paris et sort quelquefois avec son amie Marylène, exubérante et « libérée ». Les deux jeunes filles partent en vacances dans un hôtel de Cabourg, mais Marylène découche fréquemment et Pomme se retrouve bientôt seule. C’est alors qu’elle rencontre un étudiant, François, avec lequel elle sympathise. Au terme des vacances, Pomme et François décident de vivre ensemble…

Une intrigue qui parle à beaucoup : l’histoire d’une fille timide et introvertie, silencieuse et lunaire, spectatrice de la vie des autres, qui a des difficultés pour se faire une place socialement, en détresse intérieurement, gardant une certaine fraîcheur suite à un vécu peu garni d’émotions fortes et vivifiantes.
Elle ne dégage presque rien, faute d’aisance, éteinte par de nombreux échecs. Elle a cette beauté simple, pas écrasante et qui rassure, pensive avec un charme involontaire, ténébreuse et sensible comme j’affectionne.
Elle va rencontrer un garçon qui va lui faire découvrir l’amour et qui va la sortir de sa petite vie tranquille et sans éclat. Un ami compréhensif et attentionné au départ, mais après l’euphorie précieuse des débuts et l’état de grâce dans la complicité, son handicap va finir par peser. A terme, elle perdra son compagnon, n’ayant pas su se libérer et quitter cet état si peu révélateur.
D’abord aux petits soins
La fougue innocente d’une attirance inexplicable
Puis les incertitudes lorsqu’on se découvre au quotidien
Il y a aussi une différence au niveau culturel; elle sera préjudiciable pour accorder leurs ambitions et centre d’intérêts. Des complexes d’infériorité apparaissent vite. Leur histoire s’était lancée sans considérer ces disparités, pouvant être surmontées, mais un fossé va les séparer. Elle sera atteint gravement pour cette désillusion, jusqu’à aller vers une folie douce. C’est le genre de film que j’apprécie beaucoup, étant un cinéphile occasionnel. Ce qui m’a marqué concernant le personnage d’Huppert est son coté perdu, cette simplicité qu’ont les réservés qui savoure pleinement ce qui leur arrive, cet appel à vivre que peu reçoive, avec des parenthèses qui se referment vite.
Pour finir ce film, il y a ce regard incroyable, et un texte digne d’une morale
Belle conclusion qui montre que souvent on passe à coté d’une personne à cause de la 1ère impression ou d’une impatience. On ne donne parfois pas la chance aux personnes qui sont moins facile avec les autres ou qui sont moins belles, alors que bouillonne en elles de belles choses. Se méfier de l’eau qui dort car derrière un être fragile, se cache peut-être quelqu’un de rare, passionné et inspiré. Il vaut mieux s’intéresser à un interlocuteur qui dénote de tout le reste, que de s’aligner dans un groupe où chaque individu parle le même langage et s’oublie par des mimétismes conciliant. Avant, un regard pouvait être le sujet d’un tableau. Le dialogue s’affirme après l’ouverture de barrières protectrices, la personnalité se bonifie grace au temps. L’apparition d’une perle ne se découvre qu’une fois la coquille ouverte et libre de tout.
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